Histoire du sac réutilisable, première année post-décret !

Publié le : 17 septembre 2017

Catégorie(s) : - Blog - Vie de l'entreprise

L’histoire du sac réutilisable fait un bond spectaculaire avec l’arrêt du sac plastique à usage unique en France. Cet été, nous fêtons l’anniversaire du décret à l’origine de cet arrêt, mais un an après, quel est le constat ? Comment réagissent les utilisateurs ? Quels sont les opinions sur le sujet ? Et que consommer ?

Tellement de questions… alors, on peut vous proposer quelques réponses, non ? Car si le sac plastique à usage unique est fini, il n’en est rien des sacs réutilisables, au contraire, il a le vent en poupe.

Et puis on va profiter du sujet pour faire un petit tour d’horizon sur le plastique et quelques espoirs surprenants qui apparaissent.

Une démarche nécessaire

Qu’est-ce qu’un sac plastique et où est-il produit ?

Le sac plastique est un objet plus que familier. On le connait bien, on en voit partout, on l’utilise en permanence et on n’y prête pas attention. En réalité, il est apparu dans les années 40, mais il faudra attendre les années 60-70 lorsque les supermarchés ont pris leur essor pour le voir se diffuser massivement. Les sacs de « caisses » et de « rayons » se sont démocratisés pour atteindre des volumes de distributions très importants, de l’ordre de 17 milliards par an.

On peut lui reconnaitre d’être pratique, souple, étanche, économique… et très résistant. Car son faible poids de 5 grammes lui permet de porter environ 10 kilos de matière, soit environ 2.000 fois son poids.

La composition des sacs en plastiques est souvent à base de polyéthylène, polystyrène, polypropène… bref, à base de pétrole. D’ailleurs au début du 21ème siècle la fabrication des sacs en plastique représentaient environ 4% de la consommation annuelle de pétrole. Sachant que cette ressource s’épuise et ne se renouvelle pas, cela a une incidence très forte sur l’environnement. Outre cette ressource fossile, la fabrication consomme de l’eau et émet des gaz à effet de serre.

Une grande partie de la production provient d’Asie, notamment de Chine, certains chiffres évoquent 80% de la production totale, mais le secteur français est bien développé. Surtout depuis les récentes décisions légales, qui permettent à l’industrie française de tirer son épingle du jeu avec des sacs plus robustes, plus épais et de meilleure qualité.

Pour plusieurs raisons environnementales de très nombreux pays ont pris la décision d’interdire la distribution de sacs plastiques ces dernières années. Ce lundi 28 aout 2017, le Kenya a pris des mesures très fermes pour appuyer sur l’interdiction des sacs plastiques avec l’application d’une peine pouvant aller jusqu’à 4 ans d’emprisonnement. Nous verrons le cas spécifique de la France dans cet article, et surtout comment passer du sac plastique à usage unique aux sacs réutilisables.

Un constat accablant, l’urgence de passer sur un sac réutilisable

Le sac plastique est décidément ultrapolluant durant tout son cycle de vie, de la production, au recyclage en passant par une utilisation éphémère. Les chiffres fournis par les études de protection de l’environnement et repris par les journaux sont accablants : 1 seconde à produire, 20 minutes à l’usage, 400 ans à recycler.

Ses points forts évoqués précédemment sont inégalés aujourd’hui ; facilité et rapidité de production, n’empêchent pas une qualité variable, des sacs déchirables non réutilisables car trop fragiles. D’autant que pendant plusieurs années, la forte distribution compte tenu de sa gratuité n’a pas aidé à prendre conscience des enjeux de sa fabrication et des difficultés de son recyclage.

On en retrouve partout dans la nature, ce qui impacte la biodiversité, sans compter les fonds marins. Les dégâts sont colossaux sur la faune et la flore, tortues, oiseaux, … personne n’est épargné. Selon le ministère de l’environnement, on estime à 8 Milliards par an les sacs dans la nature et 75% des déchets en mer sont en plastique. Il devenait urgent de réagir et trouver une solution au problème. La transition vers le sac réutilisable devenait une nécessité.

L’émergence d’un septième continent – pour notre malheur

Encore une fois, la main de l’Homme…

Attention, j’avertis tout de suite ce « fameux septième continent » n’est pas à considérer comme une plateforme solide sur laquelle on peut prendre pied. On parle ici de particules très fines qui sont à peine visibles à l’œil nu, mais qui sont véritablement présentes. Les courants marins des océans les concentrent dans des zones que nous nommons « continent » la plus importante étant dans l’océan pacifique.

Pas visible depuis l’espace ce continent est pourtant une problématique bien concrète. Récemment des solutions ont été proposé pour nettoyer les océans, notamment le cas célèbre de Boyan Slat un néerlandais qui a lancé son projet « Ocean Cleanup ».

Cela prendra du temps, mais la réduction de la diffusion des sacs dans la nature grâce à l’utilisation de sacs réutilisables, combiné à des solutions comme le projet « Ocean Cleanup » peuvent enrayer le phénomène.

Une urgence d’agir, l’Article 75 de la loi sur la transition énergétique pour une croissance verte

Dispositif réglementaire

« Depuis le 1er juillet 2016, les commerçants n’ont plus le droit de proposer des sacs de caisse à usage unique en plastique d’une épaisseur inférieure à 50 microns, qu’ils soient gratuits ou payants. »

https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/actualites/008384

Depuis le 1er janvier 2017, cette interdiction s’est étendue aux rayons des commerces et non pas seulement aux caisses.

Qui est concerné ?

Tous les commerces. De la grande surface alimentaire, à l’épicerie, la pharmacie, les commerces de proximité…

De combien de sacs parle-t-on ?

Ce chiffre est estimé à 17 milliards de sacs par an. Réparti entre 5 Milliards distribués en caisse auxquels il faut ajouter tous les sacs en plastique que nous utilisons en rayon (légume, boucherie, poissonnerie, …). La partie « rayon » représente environ 12 Milliards de sacs plastique.

En 2002, on parlait pour les grandes surfaces alimentaires de 10,5 Milliards de sacs de caisse distribués par an, aujourd’hui ce chiffre a fortement baissé pour atteindre 600 millions. Cette forte diminution résulte du passage de la gratuité des sacs plastiques aux sacs payants en caisse.

Quel est le périmètre d’interdiction ?

Le périmètre d’interdiction pour 1er juillet 2016 était la caisse, à partir du 1er janvier 2017 une extension applique cette règle à toute la surface de ventes, ce qui impacte la mise à disposition des sacs plastiques dans les rayons. Désormais ils devront aussi être supérieurs à 50 microns d’épaisseur.

En dehors du champ d’action de la distribution des mesures sont aussi applicables pour l’envoi de la presse et de la publicité mise sous blister.

Bilan après la première année d’application du décret

Qu’est-ce qui a changé depuis ?

On pensait ne plus voir du tout de sacs plastiques, mais la réalité est tout autre. Le plastique est toujours présent mais sous une forme différente.

Tout d’abord revenons sur l’aspect juridique, la réglementation s’applique uniquement pour les sacs plastiques ayant une épaisseur inférieure à 50 microns. Ce qui signifie que l’on retrouve toujours les sacs en plastiques, mais ceux-ci sont plus épais, plus résistants et par conséquent plus proches des sacs réutilisables.

D’un point de vue économique, on parle d’un regain industriel pour nos producteurs français de sacs plastiques. Selon le ministère de l’environnement le développement des plastiques biosourcés a déjà permis la création de 3000 emplois. (R&D, culture, fabrication, recyclage, …)

Quelles sont les solutions adoptées par les enseignes ?

L’article 75 permet à la distribution de mettre à disposition :

  • Sacs plastiques réutilisables de plus de 50 microns d’épaisseurs (gratuit ou payant)
  • Sacs pour emballage alimentaire, boucherie, poissonnerie, pesée des fruits et légumes sans limite d’épaisseur ni regard sur la matière plastique utilisée
  • Sacs en matière autre que le plastique, miracle ! faisons place au sac en tissu par exemple avec des sacs en coton biologique.
  • Sacs biosourcés et compostables constitués de matières végétales (amidon de maïs ou de pomme de terre), toujours respectant l’épaisseur de 50 microns minimum.

Ce qui devient formellement interdit ce sont les sacs à partir de plastique oxo-fragmentable, qui est une matière dégradable mais ni assimilable par les micro-organismes, ni compostable.

Attitudes et questionnements des utilisateurs :

Récemment France 2 a effectué un reportage sur la situation des sacs en France et les solutions en termes de sacs réutilisables. Ce reportage a été diffusé mercredi 23 aout 2017 au journal de 20h

Désormais, ils sont plus épais et payants, ce qui renforce l’aspect « sac réutilisable » en faisant prendre conscience aux utilisateurs qu’il y a un coût, qu’ils sont responsables de leur achat et qu’ils ont matière à se resservir de sacs de qualité.

Toutefois, la perception de l’utilisateur est mitigée. Certaines apprécient la démarche environnementale et sont satisfaits d’être dans une communication durable avec des sacs réutilisables. Mais d’autres utilisateurs ont néanmoins l’impression que les commerces prennent des marges importantes sur les sacs et qu’ils sont les seuls à payer la facture. Ces derniers ont encore le réflexe d’acheter des sacs systématiquement sur place sans penser à reprendre ceux précédemment achetés.

Nos conseils de consommation

Le premier réflexe avant de partir faire des courses est de penser au retour. Que vais-je acheter ? De quel type de sac je vais avoir besoin ?

Avec ce genre de question vous pouvez déjà préparer les sacs réutilisables dont vous allez vous servir. Si le poids de vos courses est élevé et représente un fort volume, alors optez pour un cabas en toile de jute ou un sac de plage en coton. Au moins vous serez sur de la fibre naturelle. Si vous souhaitez un sac étanche et indéchirable, vous avez encore le choix avec des sacs en polypropylène recyclable et réutilisable.

La meilleure solution restant l’utilisation de sacs en coton biologique, vous avez l’assurance d’utiliser un sac réutilisable propre pour la planète, de sa fabrication jusqu’à son recyclage.

Quels sont les prochains chantiers ?

Si on s’intéresse tout particulièrement aux sacs plastiques d’origine végétales compostables, un échéancier a été mis en place de manière à faire une transition vertueuse. La teneur en matière biosourcée doit augmenter de façon progressive :

– 30% en janvier 2017

– 40% en janvier 2018

– 50% en janvier 2020

– 60% en janvier 2025

Une dernière note d’espoir pour le plastique avant de finir ?

Le fléau du sac plastique a encore de longues années devant lui compte tenu de sa longue durée à se décomposer. (Environ 400 ans).

Toutefois, une étude récente à montrer que des vers (larve du « papillon de la ruche » Galleria mellonella) sécrètent une enzyme qui détériore le plastique. Des études sont en cours pour tenter d’identifier l’enzyme dans un but industriel. Les résultats sont encore incertains mais on peut garder espoir que les sacs en plastique pourraient disparaître plus rapidement que prévu.

Gardons quand même à l’esprit que la première étape de cet acte environnemental est notre consommation alors pensons sacs réutilisables et recyclables, pensons sacs en coton biologique pour une production issue d’une agriculture sans pesticides ni insecticides.

A vos courses !

TIMOTHEE

Pour plus d’informations, je vous invite à vous rendre sur :

https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/fin-des-sacs-plastique